Archives and history in Fribourg

"Les archives vidéo de Guignol à roulettes" marks the conclusion of a long creative collaboration with the fribourgoise marionnette company. During a years' worth of work, 230 hours of audiovisual material, covering more than 20 years of the company's work, travels and collaborations, have been placed in relation to interviews with its main artistic exponents.

The work has been presented at the Bibliothéque cantonale et universitaire de Fribourg the 12th of September 2019, as the institution has been a partner in the project.

Upon a first vision of the material, I had very early realised that this documentary series, composed of eight 20 minute long sequences (duration varies), provides an important historical account of Fibourg's art scene from 1980 to 2003. Sections include the creation of the Festival de Belluard in 1983, Russian - Swiss performance festivals, international collaborations, and more than 14 years of creative meetings and work at the Commanderie de St. Jean. In fact, during the long process of editing, I discovered an artistic reality and work dynamic that is no longer possible today: creating from the ground up.

All eight sequences (0 to 7) will be soon published online. In the meantime it is available as an installation at the foyer of the Bibliothéque cantonale et universitaire de Fribourg.

What follows is the transcript of my short speech delivered during the work's presentation (in french).

Chers amis, merci d'être ici ce soir.

Je me souviens du matin où Pierre Alain m'a appelé pour me dire qu'il avait entre les mains plusieurs vidéos d'archives couvrant une vingtaine d'années de travail, et que nous pouvions faire quelque chose pour les valoriser. C'était une idée folle. Ce n'est pas pour rien qu’il me l’a proposé a moi.

L'idée nous a tout de suite amenés à penser à une possible réalisation. Comme toujours, quand on a une idée, les choses semblent faciles, alors le moment de les faire, c'est quand ça devient plus complexe.

230 heures d'archives, qui représentent plus de vingt ans, et qui intègre un morceau entier de toute une vie : il y a des moments de répétitions, de processus créatifs, d'intimité, de longs ateliers de théâtre ou de tournage des pièces sur scène. Il y a aussi des images sans rapport, des enregistrements non connectés, et tout cela dans des qualités très variées. Dans tout ce matériel, il y a une histoire. Une histoire qu'il m'a fallu découvrir à toutes les étapes du travail, et jusqu'au dernier instant, pour savoir comment la raconter.

Pierre Alain, Marido, Georges, Ana et Christophe, avec leurs regards différents, se mettent en scène dans une rencontre d'une vingtaine d'années de vie, de création et de mouvement, à travers laquelle passent de nombreux artistes de Fribourg et d’ailleurs.

Bien que l'idée générale du projet ont toujours été de mettre en relation le matériel d'archives, j'ai réalisé que Guignol à roulettes était un provocateur de réalités et d'échanges, et que souvent le protagoniste lui-même était la rencontre entre les personnes.

J'ai connu une histoire de Fribourg que je ne connaissais pas : un groupe d'artistes qui sont restés libres grâce au calibre d'un art profond.

J'ai découvert une époque où il y avait encore beaucoup à faire, et l'art était possible par nécessité, nu et vrai. Aujourd'hui, nous vivons dans un pays extrêmement institutionnalisé, où les possibilités de rencontres créatives sont souvent réduites à un concept avant de commencer un processus. Dans les archives vidéo de Guignol à roulettes vous pouvez percevoir une histoire qui se tisse grâce aux besoins d'expression, au rapport à l’environnement sociale, à la force de transformation.

Une autre particularité de Guignol à roulettes est sa volonté de changement : tout au long de ces 20 premières années, chaque projet a comporté des nouveau groupes de collaborations. Fribourg, toujours le lieu de rencontre et de travail.

Dans les archives vidéo de Guignol, les lieux de rencontre et de création prennent la valeur d’ un foyer. Les espaces sont habités par l'amour fou de la création. Et c'est beau, par exemple, de découvrir comment la Commanderie de Saint Jean a été pendant quatorze ans le feu créatif et la rencontre de nombreux artistes qui sont aujourd'hui reconnus pour leur travail et leur vie. Cela reste donc dans le passé : un passé qui, même s'il n'est pas lointain, nous enseigne aujourd'hui des choses que nous avons peut-être oublié.

Bref, les séquences portent en elles l'esprit irrévérencieux de l'intimité à travers une structure classique dont le seul intérêt est de mettre en valeur notre histoire, de lui enlever sa trame temporelle, et d'accéder à l'universel.

Je tiens à te remercier Pierre Alain de m'avoir confié cet énorme travail, avec camaraderie et une grande amitié. Merci à Yves Cirio et Claudio Fedrigo pour leur aide durant le processus. Les documents d'archives me sont parvenus par vagues, et quand j'ai cru que j'avais fini de surfer la houle, j'en ai reçu un autre lot.

Je voudrais aussi remercier ma femme, Manuela Bernasconi, qui m'a vu passer des heures et des mois devant les écrans.

Je vous laisse avec la projection de la séquence numero un, qui est en fait la deuxième de la series, elle dure vingt minutes et on y compte les débuts de la compagnie.

Bonne vision, et merci encore d'être parmi nous ce soir.